Comment les gouttes d'eau s'étalent-elles sur la terre crue ?

Élise Contraires, maitresse de conférences à l’École Centrale de Lyon au Laboratoire de Tribologie et Dynamique des Systèmes s'intéresse au comportement des gouttes d’eau quand elles sont posées sur une surface, plus particulièrement sur la terre crue.

La terre crue est un matériau de construction utilisé depuis la nuit des temps. On retrouve des traces d’habitations de ce type vieilles de 11 000 ans. En Auvergne-Rhône-Alpes, la terre crue est très répandue.

Depuis une trentaine d’années, on redécouvre ce matériau pour des raisons liées au développement et à la construction durable. La terre crue est un matériau abondant, qui n’a pas besoin d’être cuite et demande donc peu d’énergie. Elle permet aussi de bien réguler la température et le taux d’humidité dans les bâtiments.

Ce matériau reste pourtant assez mal connu des scientifiques. Avec ses collègues de l'ENTPE (École nationale des travaux publics de l'État), Élise Contraires cherche à comprendre les caractéristiques de la terre crue, sa tenue dans le temps et le rôle joué par l’eau, capital pour la tenue mécanique du matériau.

Plus la surface est lisse, moins la goutte s’étale

« Nous analysons comment une goutte d’eau qui tombe sur une paroi en terre crue va s’étaler et être absorbée par le matériau. Ce n’est pas facile car la terre est un matériau très hétérogène, très poreux et qui réagit avec l’eau. Dans nos expériences, nous avons montré que lorsqu’une goutte tombe sur une paroi, à une vitesse de 1 mètre par seconde, elle est absorbée en un temps très court, entre 15 et 50 milliseconde. C’est entre 2 et 10 fois plus rapide qu’un clignement d’œil » explique-t-elle. « Nous avons montré récemment que le diamètre d’étalement de la goutte dépend de la rugosité de la terre, des aspérités présentes à la surface de celle-ci. Plus la surface est lisse, moins la goutte va s’étaler ».

Goutte d'eau - Elise Contraires

Ces expériences permettent d’envisager des solutions pour rendre les murs en terre moins absorbants pour l’eau de pluie et donc moins sensibles aux aléas extérieurs. « On peut par exemple jouer sur la rugosité du mur lors de la fabrication du pisé ou formuler des enduits à base de terre qui peuvent être déposés sur les murs pour les protéger », précise la chercheuse.

Retrouvez la chronique complète d'Élise Contraires en ligne sur le site de RCF Lyon ou téléchargez-la en podcast.

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