Double Sens : Chloé en double-cursus Ingénieur Médecin

Publié le 12 juin. 2025
Double Sens : un seul profil, deux directions ! Derrière chaque parcours, des choix, des tensions, une volonté farouche d’aller plus loin. Cette série de portraits donne la parole à celles et ceux qui mènent deux vies avec une seule boussole : l’ambition. Rencontre avec Chloé, qui a choisi de suivre le double cursus ingénieur-médecin proposé par Centrale Lyon et la faculté de médecine de Lyon.

Après deux années dans le cursus ingénieur généraliste de Centrale Lyon, Chloé poursuit ses études en médecine à la faculté Lyon Est dans le cadre du double cursus Ingénieur-Médecin. Aujourd’hui en cinquième année de médecine, elle revient sur un parcours exigeant, portée par la curiosité, l’envie d’apprendre et un profond désir d’utilité.

Ingénieur-Médecin : une opportunité inattendue à Centrale Lyon

Chloé Adam élève ingénieur

Comment as-tu découvert ce double diplôme ? Pourquoi ce choix ?

En terminale, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. J'adorais les maths et la physique, mais j'hésitais entre médecine et une prépa ingénieur. À ce moment là, ma sœur a choisi médecine, alors j'ai préféré suivre une autre voie. Finalement, pendant la CPGE, j'ai appris par des amis que Centrale Lyon proposait un double diplôme Ingénieur-Médecin, et ça a clairement motivé mon choix d'intégrer cette école.

Comment s'est passée la sélection pour le double diplôme ingénieur médecin ?  

La sélection se fait sur dossier et lettre de motivation dès la première année du cursus ingénieur généraliste. Si notre profil est retenu, on passe ensuite un entretien pour vérifier notre projet et notre motivation. On était quatre à postuler pour cinq places. La pression ne venait pas du nombre, mais plutôt de la sincérité de notre démarche. Ce sont des études assez longues, donc il faut être sûr de soi avant de s'engager dans ce double cursus.

Les premiers pas en faculté de médecine

Comment as-tu vécu ton arrivée en fac de médecine ?

Je suis passée d'études où j'étais à peu près à l'aise à un domaine où je ne connaissais absolument rien. Les gens autour de nous sont très forts, ils parlent d’organes dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Mais au final, entre la prépa et le cursus ingénieur, on a appris à gérer une grosse charge de travail, et on a quelques astuces de méthodo qui nous aident bien.

Êtes-vous préparés à intégrer la fac de médecine ? Est-ce qu'il y a de l'entraide ?

Oui, avant d’arriver à la fac on a une mise à niveau pendant la deuxième année d’ingénieur qui nous permet d’apprendre les bases. Ensuite, on rejoint une promo de 600 étudiants en médecine, dans laquelle ce n’est pas évident de s’intégrer car ils se connaissent tous depuis trois ans. Heureusement, d’autres étudiants arrivent aussi à la fac via des passerelles, avec des profils très variés : des infirmiers, des élèves de Sciences Po, une directrice d’hôpital… Entre nous, une vraie entraide s’est créée, la majorité d’entre eux sont même devenus des amis.

entrée de la faculté de médecine

À quoi ressemblent concrètement tes études de médecine aujourd’hui ?

La charge de travail est plus intense. On alterne entre les cours, l'apprentissage et la pratique avec les stages, qui sont présents tout au long de l’année, c’est vraiment chouette. Bien sûr, il y a des moments où notre rythme de vie déraille complètement : on travaille de nuit, de 18h à 8h, puis on dort deux heures après. C’est évidemment difficile, mais on découvre plein de choses, j’ai fait de la chirurgie ortho, de la neuro, de la cardio, de la néphro, des urgences adultes et pédiatriques… c'est passionnant !

Médecine et ingénierie, des débouchés nombreux

En quoi les deux cursus, les deux profils ingénieur et médecins sont compatibles ?

Pour moi les deux cursus sont complémentaires car l'un apporte la rigueur scientifique et la logique, là où l'autre apporte les connaissances médicales précises et l'humanité. Si on veut s'orienter dans la recherche médicale, je pense que c'est bien d'être médecin pour cibler précisément les besoins des patients que l'on voit et pour avoir une vision globale du soin. Mais c'est vrai que les études d'ingénieur apportent l'ouverture d'esprit, l'adaptabilité et la logique scientifique qui nous est moins enseignée autrement. 

Comment utilises tu concrètement tes compétences d’ingénieure en médecine ? 

Pendant les études, les enseignements en ingénierie ont été un vrai plus, notamment pour les statistiques - moins approfondies en médecine - mais aussi pour la chimie et la physique, qui aident à comprendre certains concepts, comme la ventilation en réanimation, par exemple, entièrement expliquée par la mécanique des fluides. En parallèle, cette année, j'ai fait de la recherche en imagerie dans un service de radiologie. Et pour comprendre toute l'imagerie médicale, le bagage en ingénierie, c'est clairement une trousse de premier secours ! 

Comment te projettes tu dans l'avenir ?

Mon objectif, c’est de me spécialiser, d’exercer, mais pour la spécialité, c'est difficile à dire. Ma mère se moque de moi parce qu’après chaque stage, je me découvre une nouvelle ambition. J’aime beaucoup la néphrologie, c’est très riche, et aussi l’urgence, même si c’est moins compatible avec la recherche. Et j’aimerais vraiment garder un pied en recherche, avec une journée dédiée dans la semaine. Dans tous les cas, il me faut d'abord passer le concours qui déterminera ma spécialité en internat... mais je me sens à ma place aujourd’hui. Ce que je fais a du sens. Ce n’est pas seulement technique, c’est humain et concret. Et c’est exactement ce que je cherchais.