Rencontre avec Le Mouvement

À l’occasion de la semaine Centr’L qui vient de s’achever, focus sur « Le Mouvement », le club centralien qui informe et sensibilise contre les stéréotypes de genre et les inégalités femmes-hommes. Rencontre avec Alizée Favrat (co-présidente), Joséphine Pelenc (secrétaire générale) et Choham Sudre-Chinsky (co-présidente).

Qu’est-ce que le Mouvement ?

Logo le Mouvement

Choham : « Le club est assez récent. Il a été créé en 2018 par des étudiantes qui participaient au groupe d'action et de réflexion "Centr'L" mis en place par l'établissement. Le campus n’étant malheureusement pas épargné par les violences sexistes et sexuelles (VSS), Le Mouvement a été créé avec l’appui de la direction pour sensibiliser les élèves à l’égalité femmes-hommes et proposer un dispositif d’écoute pour les victimes et témoins de VSS. Le club accueille de plus en plus de membres chaque année (17 sur le mandat 2021). Cela montre qu’il y a un réel besoin de parler de ces sujets et une envie de faire évoluer les choses. »

Comment se structure le club et quel type d’actions mettez-vous en place ?

Choham : « Depuis cette année le club s’organise en 3 pôles : production de contenus de sensibilisation contre les VSS, collaboration avec les associations et clubs de Centrale Lyon, collaboration avec l’externe. La cible de nos actions est donc principalement les élèves de l’École. Mais nous commençons à faire des choses vers d’autres publics, comme les collégiens et collégiennes d’Écully par exemple. »

Pouvez-vous donner quelques exemples d’actions que vous menez ?

Ressources VSS Le Mouvement

Choham : « Notre mandat a mis en place cette année "Les amphis de rentrée". Nous avons réuni chaque promotion durant 1h pour parler de VSS : présentation de statistiques officielles, définitions, ressources et présentation des dispositifs d’écoute mis en place sur le campus. »

Alizée : « Dans le cadre de la semaine Centr’L, nous avons aussi proposé un atelier "Réagir au harcèlement de rue". L’idée était de donner des clefs pour réagir aux situations de VSS dans un lieu public. »

Joséphine : « En parallèle du Mouvement, Choham et Alizée font également partie du "Comité restreint", qui est un groupe de 4 élèves qui travaille en lien avec l’administration de l’École. Il est composé de deux personnes du Mouvement et de deux personnes du Bureau des Élèves. Le rôle de ce comité est complémentaire à nos actions : il s’agit de coordonner les opérations de sensibilisation aux VSS sur le campus et de recueillir les témoignages des victimes. Il a par exemple mis en place un système de personnes ressources : des élèves volontaires et formé·es sont identifié·es pour recueillir les témoignages des victimes de VSS lors des événements festifs et dans les étages des résidences. »

Votre projet « Des femmes et des sciences » a reçu le label « Cap’Ingénieuses », de quoi s’agit-il ?

Joséphine : « C’est un projet qui nous tenait très à cœur, avant même notre entrée au Mouvement. Il est né de notre constat de la faible représentation des femmes dans les écoles d’ingénieur·es. De là, nous nous sommes posé une question simple : qu’est-ce qui aurait davantage encouragé nos camarades féminines de lycée ou de prépa à s’engager dans cette voie ? Nous sommes donc allé·es à la rencontre de jeunes pour parler de nos parcours et de ceux de femmes ingénieures. Notre volonté était de briser les stéréotypes et d’encourager les filles à suivre des études scientifiques. Nous sommes intervenu·es dans les classes de 3e du collège L. Mouguet à Écully car c’est un niveau où tous les choix sont encore possibles en matière d’orientation scolaire. »

Cap Ingénieuses

Globalement, comment vos actions sont-elles perçues par la communauté centralienne ?

Choham : « Pour Centr’L nous avons organisé une Happy Hour pour parler d’égalité femmes-hommes dans un cadre décontracté et ludique. Ça a réellement aidé à donner une image positive à nos actions. Globalement les retours sont très encourageants, et ils le sont de plus en plus ! L’amphi de rentrée à largement contribué à cela. Il a permis de poser un cadre et de donner un référentiel : les violences sexistes et sexuelles ne sont pas acceptables. »

Alizée : « Le fait d’avoir pu parler aux 1A dès leur arrivée leur a permis de nous identifier sans préjugés. Résultat : ils ont eu une très forte envie de s’engager dans le club, c’est très encourageant ! »

Est-il difficile de parler d’égalité femmes-hommes dans une école encore majoritairement masculine ?

Alizée : « On sent qu’on est dans un milieu très masculin. On s’adresse à un public qui n’est pas spécialement féministe à la base, il faut reposer les bases et être très pédagogue. Nous devons faire très attention à notre image qui est déjà assez fragile. »

Choham : « Au-delà de la proportion femmes/hommes, l’École est un environnement très apolitique, où les élèves revendiquent peu leurs convictions et leurs luttes. Le militantisme fait face à des a priori plutôt négatifs, ce qui nous empêche de pousser le débat aussi loin qu’on aimerait le faire. »

Coordonnez-vous vos actions à d’autres échelles que celle de l’École ?

Choham : « Nous sommes en lien avec les associations féministes des autres Écoles Centrale et des établissements d’enseignement supérieur lyonnais. Des rencontres, à distance pour l’instant, s’organisent de plus en plus. »

Alizée : « Il y a une volonté de travailler en commun pour renforcer l’impact de nos actions, en particulier sur les VSS : partager nos expériences, réfléchir à nos leviers d’action, élaborer des chartes… »

Vous arrivez bientôt à la fin de votre mandat. Quels seraient vos souhaits pour le futur du Mouvement ?

Alizée : « Lors de notre arrivée, l’intégration de l’ENISE venait de se faire. Nous sommes bien sûr en lien avec la référente égalité femmes-hommes du campus, mais pour l’instant il n’existe pas "d’antenne" du Mouvement à Saint-Étienne. C’est un sujet que l’on aimerait creuser avec le prochain mandat. »

Choham : « L’intersectionnalité est aussi un sujet qui nous tient à cœur. C’est une notion qui désigne la situation de personnes qui subissent plusieurs formes de discrimination à la fois. Par rapport à un genre, un handicap, une origine sociale, des modes de vie choisis… On aimerait donner plus de visibilité à ce sujet. »

Joséphine : « Pour Centr’L nous voulions organiser cette année un atelier "négociation de salaire" pour les étudiantes de l’École. Ça n’a finalement pas pu se faire mais c’est en bonne voie pour 2023 ! »

Une conclusion ?

Bureau Le Mouvement 2021

Alizée : « Au cours de notre mandat nous avons déjà vu les mentalités évoluer. C’est un espoir très fort pour la suite. Nous espérons connaître dans quelques années un campus sans aucune VSS, une parité en École d’ingénieur·es, une égalité salariale à la sortie, etc. ! »

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