Rencontre avec Thomas Bijon, directeur général chez Atelier de la Boiserie

Thomas Bijon (ECL15) est directeur général chez Atelier de la Boiserie depuis 2017,  menuiserie et ébénisterie d’art.

Atelier de la Boiserie est une maison née en 1963 du regroupement de plusieurs ateliers parisiens et provençaux préexistants. Son siège et l’atelier de fabrication se trouvent à Avignon, tandis que les bureaux d’étude, l’atelier de restauration, de sculpture et l’antenne commerciale se situent à Paris. La maison est également présente à Lausanne en Suisse. Elle fait partie du groupe Ateliers de France qui réunit les métiers d’art autour d’une ambition commune : l’excellence.

Depuis sa jeunesse, Thomas Bijon est attiré par l’artisanat. Au début de ses études supérieures, il dirige un atelier de réparation de vélos. Après une licence en génie civil, il entre à l’École Centrale de Lyon par le concours « Casting » pour étudier le génie civil et le business développement. Il entame en parallèle une licence d’éco-gestion à Lyon 2 et suit des cours de portugais afin de faire un semestre à Polytechnique Rio en génie civil, option architecture. Après un stage en tant qu’ingénieur naval durant 6 mois au Bangladesh, il réalise une césure chez Atelier Mériguet-Carrère (réalisation et restauration de décors de lieux d’exception) en tant qu’ingénieur travaux. Ses compétences techniques et son attrait pour l’artisanat le dirige ensuite vers l’entreprise H. Chevalier (restauration des monuments en pierre de taille) pour effectuer son travail de fin d'études (TFE) sur la comptabilité analytique, où il est embauché comme conducteur de travaux.

Il a à son actif quelques très belles réalisations, comme la restauration de l’église Saint-Augustin (Paris), du donjon du Château de Saint Germain en Laye ou encore la réhabilitation TCE d’un hôtel particulier.

Thomas Bijon restauration

À la suite de son expérience chez l’entreprise H. Chevalier, il souhaite s'orienter vers l’art et la finesse et se dirige chez Atelier de la Boiserie afin d’accompagner l’entreprise d’une clientèle premium vers une clientèle de luxe et pérenniser cette transition. Il permet à la maison de maintenir une rentabilité tout en passant de 6 millions d’euros de chiffre d’affaires (36 salariés) en 2017 à 12 millions d’euros (70 salariés) fin 2020. Thomas va passer son CAP ébénisterie prochainement.

Thomas a aujourd'hui accepté de répondre à nos questions...

Que pensez-vous des nouveaux « parcours augmentés » mis en place par l'École ?

Les partenariats de l’École Centrale de Lyon avec la Chambre des Métiers de l’Artisanat, l’Institut Paul Bocuse ou encore le CHELs me semblent très pertinents. Ils permettent d'ouvrir de nouvelles opportunités aux élèves qui souhaitent explorer la simultanéité théorique, pratique et empirique qu’offrent ces perspectives. Pour ceux qui souhaitent entrer rapidement dans le monde du travail, c’est du temps gagné de pouvoir mener ses études supérieures tout en obtenant un autre diplôme en artisanat par l'apprentissage. Le choix de la filière de l’ingénierie théorique est souvent le renoncement de l’ingénierie pratique ! Toutefois, l’échange doit être à dimension humaine, au-delà de la dimension pratique : des jeunes en cursus artisanat doivent pouvoir venir au Fablab de l’École pour collaborer avec les élèves-ingénieurs et inversement. »

Comment voyez-vous l’ingénieur·e aujourd’hui ?

L’ingénieur·e doit être bricoleur/-euse et donc se constituer une boite à outils riche et variée. Il ou elle doit contextualiser les problématiques à résoudre qui peuvent être de tout ordre. Par ailleurs, ses méthodes doivent parfois revenir à l’approche empirique dont sont issues nos notions académiques actuelles. Parfois, cette mise en contexte aura pour conséquence d’emmener la réflexion sur des enjeux sociétaux. En effet, j’estime que les ingénieurs issus de nos formations d’excellence ont un devoir sociétal car ils ont eu la chance de pouvoir faire de longues études durant lesquelles leur ont été dispensés des savoirs hérités du siècle des Lumières. Cette chance leur a été accordée par cette même société grâce à son système éducatif, logistique ou encore de santé. De ce fait, afin de résoudre ses problématiques, l’ingénieur·e doit adopter une vision universelle, un raisonnement encyclopédique sans jamais faire prôner l’innovation technique au détriment des enjeux sociétaux ou encore sociologiques. En aucun cas, l’ingénieur·e ne peut céder à l’émotion et renoncer à une approche méthodique et documentée.

Les ingénieurs d’aujourd’hui sont "ingénieurs augmentés" ne serait-ce que par leur niveau d’information. Aujourd’hui, ils ont connaissance de problématiques, dans tous les domaines, qu’ils ne peuvent plus ignorer. »

Une petite anecdote à nous raconter ?

Oui, en arrivant à Centrale Lyon je pratiquais beaucoup le rugby. J’ai donc rejoint l’équipe de l’École. Sans jamais vivre à l’étage rugby puis en devant arrêter de jouer pour cause de blessure, je suis devenu « coach » et président de l’association. Cela pouvait remettre en cause certaines traditions. Cette anecdote est importante pour moi car je ne partageais pas forcément tout ce qui gravitait autour du rugby centralien mais j’étais amoureux, comme tous les membres de mon équipe, de la pratique de ce sport. De ce fait, qu’importe comment nous pouvons exprimer notre attrait pour un sujet commun, l’important est bien l’objectif partagé car chacun saura y contribuer positivement à sa manière. »

Thomas Bijon - boiseries