Gauthier Perrin et Enki Barache, deux élèves ingénieurs de troisième année, en filière entrepreneuriat, développent actuellement un projet ambitieux pour aider les petits producteurs de riz de Madagascar à vivre décemment.
Ils viennent de remporter la Social Cup, coupe de France des jeunes entrepreneurs sociaux lancée par Makesense, un incubateur qui va les héberger pendant un an.
Tigoun, un sac performant et écologique
Gauthier et Enki ont mis au point un sac qui conserve plus longtemps le riz récolté par les huit millions d’agriculteurs malgaches. L’idée est de leur permettre de stocker une partie de leur production pour éviter de tout vendre d’un coup, quand les cours sont au plus bas. Le riz étant un aliment de base dans le pays, au bout de six mois, ils en rachètent à prix d'or pour leur propre consommation, souvent en s’endettant. Pour éviter cette spirale infernale, Enki et Gauthier ont inventé Tigoun, un sac performant et écologique. Ses propriétés (constitué de papier kraft) permettent de conserver le riz un an au lieu d'un mois avec les sacs plastiques polluants.
Tous deux connaissent bien Madagascar. Gauthier y a passé un an : « Pendant ma césure, j’ai travaillé dans une école dans les Hautes Terres, à Ambalavao. J’ai rencontré beaucoup d’enfants d'agriculteurs et constaté qu’ils ne pouvaient pas conserver leur récolte et s’endettaient », explique le jeune homme, tombé amoureux de la Grande île. Quant à Enki, franco-malgache, il retourne chaque année à Antananarivo, la capitale, pour rendre visite à sa famille. « J’ai un attachement très fort pour Madagascar. Je parle malgache et j’ai toujours eu la volonté de participer à l’émergence de l’île », raconte Enki.
En septembre dernier, les deux élèves-ingénieurs décident de développer ensemble un projet de start-up à fort impact social. « Avec Gauthier, nous sommes sur la même longueur d’onde », poursuit Enki. « Nous sommes partis d’un constat : les deux tiers de la population active de Madagascar cultive du riz. Si on arrive à trouver une solution pour conserver le riz de façon durable, cela pourrait avoir un impact économique énorme. » Enki et Gauthier ont fait leur calcul : en étalant les ventes de riz sur l'année, les petits producteurs pourraient économiser suffisamment pour payer la scolarité de 3 enfants d’une même famille.
Prochaine étape : la prospection sur le terrain. Enki va poursuivre son TFE (Travail de fin d’études) en création d’entreprise. Il s’apprête à partir un mois à Madagascar : « Je vais aller voir l’écosystème de plus près, récolter les premiers éléments de terrain, tester la solution in situ, concrétiser les prises de contacts par téléphone, rencontrer les producteurs, les ONG... »
Déterminés, les deux amis comptent ensuite lancer leur start-up, en bénéficiant du soutien de leur incubateur, Makesense. « C’est l’un des plus gros réseaux de soutien à l’entrepreneuriat social », s’enthousiasme Enki. « 80 jeunes entreprises innovantes vont pouvoir nous conseiller ! C’est un énorme coup de boost pour notre projet ! »
Le saviez-vous ? Tigoun est la francisation et la contraction de la phrase « tiako gony », qui veut dire « j’aime le sac (de riz) ».
