Détecter un risque de septicémie en 15 minutes avec Christelle Yeromonahos

Identifier en 15 minutes seulement la bactérie responsable d’une septicémie : c’est l’outil que développe Christelle Yeromonahos, maître de conférences à l’INL (Institut des Nanotechnologies de lyon) à l’École Centrale de Lyon. Son projet a été retenu en juillet dernier par l’ANR (agence nationale de la recherche).

« Quand on arrive à l’hôpital, si on a une infection bactérienne, les médecins le voient tout de suite car il y a des symptômes cliniques évidents. En revanche, ils ne connaissent pas la nature de la bactérie responsable de la septicémie. Pour le savoir, cela demande des analyses assez longues et les résultats ne sont connus que deux ou trois jours plus tard », explique la chercheuse de l’INL. Or, un patient atteint d’une septicémie perd 7% d’espérance de vie par heure. En attendant de connaitre les résultats des analyses de sang du malade, les médecins lui administrent des antibiotiques à large spectre. « Le problème, c’est que le traitement n’est pas ciblé, et donc il ne sera pas forcément efficace, sans compter que l’on peut développer des résistances aux antibiotiques », poursuit-elle. Le taux de mortalité pour un patient atteint de septicémie est aujourd’hui de 30%.

Le projet de Christelle Yeromonahos a été sélectionné par l’ANR afin d’élaborer un outil de diagnostic plus rapide. « Nous cherchons comment capturer et identifier les biomarqueurs des bactéries caractéristiques de la septicémie, directement à partir d’une goutte de sang, et en moins de 15 minutes », indique-t-elle. La scientifique étudie pour cela, grâce à la plateforme NanoLyon,  les interactions entre des molécules spécifiques et des surfaces de silicium nanoporeux fonctionnalisées chimiquement. Un médecin du service de bactériologie du CHU de Grenoble est impliqué dans ce projet, ainsi que deux chercheurs du CEA-LETI (Commissariat à l'Énergie atomique et aux Énergies alternatives) et une start-up grenobloise, MEDIMPRINT.

Pour le moment, cette technique, sur laquelle la chercheuse a travaillé au CEA-LETI, permet de discriminer en 15 minutes des patients atteints de pathologies à un stade critique (maladies cardio-vasculaires, presbyacousie…). Grâce au financement de l’ANR, cette technique va pouvoir être développée pour diagnostiquer la nature de la bactérie responsable de la septicémie à un stade précoce. Un poste en thèse va être financé.

Les Nanotechnologies pour des applications biomédicales

Christelle Yeromonahos s’est toujours intéressée à l’interface entre la physique, la chimie et la biologie. Ingénieur diplômée de l'Institut National Polytechnique de Grenoble (Ecole Nationale Supérieure d'Hydraulique et de Mécanique de Grenoble) en 2008, elle est titulaire d'un doctorat de l'Université de Grenoble en Physique, obtenu en 2011. Elle a développé une méthode basée sur la diffusion de la lumière pour modéliser la nanostructure des caillots sanguins. Elle a ensuite effectué un post-doctorat de 12 mois à l'Université d'Oxford dans le département de biologie structurale. Elle a étudié le mécanisme d’infection utilisé par les virus de fièvre hémorragique en combinant la cryo tomographie électronique et les simulations de dynamique moléculaire. A son retour en France, elle a été embauchée au CEA/LETI (nanotechnologies silicium). En 2014, elle rejoint l’Ecole Centrale de Lyon, au laboratoire INL où elle obtient un poste de maître de conférences en 2016.

Une douzaine de projets de chercheurs de l’École Centrale de Lyon ont été retenus par l'ANR pour 2018 dont six à l’INL.
Au total, 981 projets seront financés en 2018 en France, soit 67 de plus qu’en 2017.