Plateforme AMIGO : Visualiser les mouvements des sportifs pour les JO

Connaissez-vous la salle AMIGO ? Cette plateforme informatique du laboratoire LIRIS située au cœur du campus est dédiée à l’étude de trajectoires d’humains et d’objets en mouvement. Plusieurs projets passionnants y sont menés, notamment dans le cadre de « Sciences 2024 ».

À l’intérieur de cette salle située juste à côté de la DDRE (Direction du Développement et des Relations Entreprises), des caméras, des eye-trackers, des casques de réalité virtuelle, neuf écrans géants et - plus inattendue - une table de ping-pong ! Elle n’est pas installée là pour disputer un match avec un collègue après un travail fastidieux mais plutôt pour analyser de façon très précise la trajectoire d’une balle dans les sports d’opposition dans le cadre de Sciences 2024... Ce programme mobilise la communauté scientifique afin d’aider les athlètes à remporter le double de médailles d’or aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 comparé aux JO de Rio de 2016.

Ping Pong
Ecrans salle AMIGO

NEPTUNE, lauréat de l’appel à projets de recherche « Sport de très haute performance »

Un autre sport olympique y est étudié à la loupe : la natation. Le projet NEPTUNE est d’ailleurs lauréat du premier appel à projets de recherche « Sport de très haute performance ». Ce Programme Prioritaire de Recherche (PPR) a pour objectif de financer des travaux de recherche appliquée en lien avec la préparation des sportifs français pour  2024.

Aura Lyon - Romain Vuillemot

Le projet NEPTUNE s’intéresse à la performance des nageurs autour de l’apprentissage et de l’optimisation du geste sportif, par l’utilisation des données et de l’intelligence artificielle. Il est porté par Ludovic Seifert de l’université de Rouen et Rémi Carmigniani de l’ENPC (École des Ponts). Il associe également la fédération de natation et la fédération handisport. Romain Vuillemot, maître de conférences au LIRIS, est le coordinateur scientifique de la partie tracking vidéo. Le budget alloué au projet atteint 1,5 millions d’euros dont 173 000 euros pour Centrale Lyon. Grâce à ce financement, l'École va pouvoir s’appuyer sur les compétences d’un post-doc et d’un ingénieur dont le processus de recrutement démarrera dans les prochains jours.

Un doctorant, Nicolas Jacquelin, a déjà été affecté par le CNRS à l’École Centrale de Lyon et l’INSA Lyon afin de commencer à explorer ces thématiques de recherche. Dans la salle AMIGO, Nicolas compile et visualise les trajectoires de nageurs issues de flux vidéos. Le projet Neptune vise à donner une nouvelle dimension en utilisant un système de caméras installées sous l’eau pour qu’athlètes et entraineurs puissent suivre leurs déplacements sous-marins et ainsi améliorer leurs gestes. Les expérimentations se feront à la piscine de l’INSEP à Vincennes et l’analyse des données dans la salle AMIGO. « À ce niveau de performance, une médaille peut se jouer au dixième voire au centième de seconde. Aucun détail dans leur façon de se déplacer ne doit être négligé », explique Romain Vuillemot.

Suivre des mouvements turbulents

La salle AMIGO, financée depuis 2015 dans le cadre d’un BQR (Bonus Qualité Recherche) de l’École ainsi qu'au moyen de financements de la Région Auvergne Rhône-Alpes et de projets de recherche, n’est pas seulement dédiée à Sciences 2024. L’idée est de créer des passerelles entre disciplines scientifiques. « L’objectif serait de rendre plus visible cette salle pour que des chercheurs de différents laboratoires viennent y analyser leurs données. L’Université de Lyon souhaiterait reproduire cette salle sur différents sites : l’ENS  Lyon et dans des tiers-lieux du Grand Lyon, dans le cadre d’un projet IDEX », poursuit le maître de conférences.

L’été dernier, des chercheurs du LMFA et du LTDS y sont venus stocker et analyser leurs données. Pierre Duquesne, maître de conférences au LMFA, a pu suivre des mouvements turbulents en réalité virtuelle et en 3D grâce à un logiciel, REVIVD, développé par deux étudiants de l’École, François Homps et Yohan Beugin. Cet outil permet par exemple de suivre des trajectoires d’avions ou le déplacement de particules autour d’une pale d’éolienne afin de visualiser les lignes du vent.

La salle AMIGO forme également une cinquantaine d’élèves sur des projets d’initiation à la recherche afin de leur faire découvrir les nouvelles technologies de collecte et analyse de données. Elle a pour vocation de s’ouvrir aux industriels dans les prochaines années dans le cadre de projets communs.