Un élève imagine un centre de tri des déchets spatiaux

L'édition 2019 du concours « USAIRE Student Awards » vient de s'ouvrir. Organisé par l'association des représentants de l’industrie de l'aéronautique aux États-Unis et en Europe (Association of United States and European Aerospace Industry Representatives), ce concours propose aux candidats de présenter une idée innovante prête à révolutionner l'industrie aéronautique. Il est reconnu par les principaux industriels aéronautiques et a été parrainé par de nombreuses personnalités comme Emmanuel Macron ou Tom Enders (CEO d'Airbus).

Un élève de Centrale Lyon parmi les finalistes

L'année dernière, Bérenger Tollitte, élève à l'École Centrale de Lyon en double-diplôme à l'Université de Milan, a terminé parmi les 15 finalistes internationaux avec son projet de centre de tri des déchets spatiaux, en réponse au sujet « Technologies de rupture : la start-up qui bouleversera l'industrie de l'aéronautique en 2030 ».

8000 tonnes de débris dans l'espace

Bérenger est parti du constat que 8000 tonnes de débris errent aujourd'hui dans l'espace : morceaux de fusée, satellites en fin de vie ou encore fragments d'équipement. Plus de 29 000 objets de plus de 10 cm ont été recensés et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Il est désormais exigé que les satellites en orbite basse rentrent dans l’atmosphère dans les 25 ans après leur abandon. En revanche, aucun accord international ne régule la désorbitation des satellites se trouvant sur une orbite où cette rentrée est trop coûteuse. On recense plus de 800 satellites inutilisés au-dessus de l’orbite géostationnaire. Ces débris spatiaux obligent les satellites fonctionnels à réaliser régulièrement des manœuvres d’évitement. En moyenne, 1 500 alertes de collision sont signalées chaque jour.

Face cette nécessité de nettoyer l’espace, des structures telles qu’Airbus ou l’ESA ont développé des techniques de récupération de débris (harpons, filets…). Bérenger propose une nouvelle innovation : un centre de tri des déchets spatiaux.

Nettoyer, trier et recycler les déchets spatiaux

Situé entre l’orbite cimetière et l’orbite géostationnaire, ce centre de tri aurait deux missions principales. La première serait le nettoyage de l’espace : d’ici quelques dizaines d’années, la pollution spatiale sera certainement taxée et régulée par des accords internationaux. Un tel centre serait alors subventionné par les différents pays et/ou entreprises dans le but de rendre l’espace viable pour leurs satellites. Il pourrait utiliser des pinces robotisées, aimants, filets ou tout autre dispositif d'interception de débris flottants afin de les stocker ou les recycler (en matières premières ou carburant).

Si cette première mission est ambitieuse, la seconde est applicable dès à présent. Le centre pourrait en effet commencer par récolter les satellites usagés et trier les pièces réutilisables. Ces pièces seraient revendues d’occasion et permettraient la démocratisation de l’espace. En effet, de nombreux petits producteurs seraient intéressés par l’obtention de pièces bon marché car ils pourraient envoyer dans l’espace un satellite incomplet et faire les finitions en orbite. Ils économiseraient alors sur le prix des pièces d’occasion et le satellite serait plus léger lors de la sortie de l’atmosphère (le voyage serait donc moins coûteux).

Ce projet innovant propose d'utiliser des technologies déjà disponibles et anticipe les problématiques de demain.

Un projet prometteur qui viendra bouleverser la gestion de l'espace

« Le centre de tri spatial (CTS) est un projet plein d’espoir. Composé d’un entrepôt qui pourrait s’apparenter à l’ISS et d’une navette spatiale capable de faire des allers-retours entre différentes orbites, il s’inscrit dans la logique d’un espace vert. Mais ce n’est pas seulement la gestion de l’espace que le CTS s’apprête à bouleverser. En revendant des pièces d’occasion et en les assemblant sur de nouveaux satellites directement en apesanteur, il rendrait l’espace plus accessible et moins onéreux », conclut Bérenger.