Double Sens | Apolline : ingénieure et secouriste

Formation, Vie étudiante
Publié le 30 Sep. 2025
Double Sens : un seul profil, deux directions ! Derrière chaque parcours, des choix, des tensions, une volonté farouche d’aller plus loin. Cette série de portraits donne la parole à celles et ceux qui mènent deux vies avec une seule boussole : l’ambition. Rencontre avec Apolline Matteï, élève-ingénieure qui s’est engagée comme secouriste à la Croix-Rouge durant son temps libre.

De l'ingénierie vers le secourisme

Qu’est-ce qui t’a amenée à t’engager bénévolement ?

Initialement j'ai fait des études d'architecture puis j'ai intégré le double diplôme architecte ingénieure. Après avoir terminé le cursus architecte, j’ai intégré Centrale Lyon et j'ai eu un peu plus de temps. C'est à ce moment que j'ai eu envie de m’épanouir en menant une activité différente. J’ai d’abord envisagé de devenir pompier volontaire, mais les contraintes horaires n’étaient pas compatibles. Je me suis alors tournée vers le secourisme bénévole. La Croix-Rouge m’a immédiatement séduite par ses valeurs humaines, j'ai suivi le parcours classique : formulaire sur le site internet de la Croix-Rouge, réunions d'accueil bénévole et j'ai commencé cette aventure !

Quelle formation as-tu suivie pour devenir secouriste ?

J'ai suivi une formation d'une semaine dispensée par la Croix-Rouge. Il faut savoir qu'il y a deux niveaux de secourisme, le premier niveau concerne toutes les urgences vitales et absolues et le second niveau est plutôt porté sur les traumatismes, les malaises, les détresses psychologiques. Ce sont des formations exigeantes, avec beaucoup de mises en situation, qui nous rendent très vite opérationnels.

Quelles sont tes missions à la Croix-Rouge ?

Je participe à des postes de secours lors d’événements, comme la Biennale de la Danse, où nous intervenons en cas de problème. Je participe aussi à l’organisation de ces postes, en affectant les moyens nécessaires, en assurant la mise en relation entre les différents acteurs et en gérant les aspects administratifs et contractuels.. Et ponctuellement, je m’occupe du stock d’uniformes et des demandes de prêt. L’engagement est très flexible : certaines semaines, je peux faire 10 heures de bénévolat, d’autres zéro. Il n’y a pas vraiment de journée type ! Chaque poste offre des interventions différentes, et j’ai quasiment toujours eu à agir sur le terrain, ce qui est très formateur.

moment d'échange dans l'équipe croix rouge lyon
Biennale de la Danse | ©Gaëtan Marchais et Emmanuelle Arabadzic

L'équilibre entre les études et le bénévolat

équipe de la croix rouge à la biennale de la danse
Biennale de la Danse | ©Gaëtan Marchais et Emmanuelle Arabadzic

Comment gères-tu l’équilibre entre études et bénévolat ?

Il faut vraiment s’organiser ! Pendant les périodes de cours ou de partiels, je réduis mon temps de bénévolat. Parfois, c’est frustrant de ne pas pouvoir participer à certaines missions, je n'ai pas pu apporter mon aide par exemple à Mayotte cet hiver ou durant les inondations de Givors. Il y a un côté addictif au secourisme et le risque, c'est d'en faire trop. L'association insiste sur ce point : il faut prendre soin de soi et savoir dire non quand c’est nécessaire. Ce n'est pas simple mais ça s'apprend : prioriser et savoir déléguer parce qu'on n'est jamais seul, il faut faire confiance à son équipe. 

Quelles compétences as-tu développées et comment ta formation d’ingénieur a-t-elle été utile ?

S'engager bénévolement, ça développe les capacités d'organisation et humainement c’est très riche ! Je travaille avec des personnes de tous âges et de profils variés, cela renforce l’adaptabilité. J’ai appris énormément, autant sur moi-même que sur le fonctionnement des autres et cela me permet d’interagir plus efficacement en équipe, un point essentiel pour que tout se déroule correctement lors des postes de secours. Ce que l'on apprend à Centrale peut également servir sur le terrain et dans la gestion logistique. Par exemple, mes connaissances en informatique m’ont permis de développer un outil pour suivre les prêts de tenue. Plus globalement, la formation nous apprend à résoudre des problèmes et à être force de proposition, des qualités très appréciées au sein de l’association.

Un engagement reconnu dans le parcours académique

Ton engagement est-il reconnu par Centrale Lyon ?

Oui, j’ai obtenu le certificat d’engagement bénévole. C’est une reconnaissance officielle de l’école qui permet de mettre en valeur les heures réalisées et les missions accomplies dans une association. Pour l’obtenir, il faut constituer un dossier, présenter ses activités, détailler le nombre d’heures effectuées et ensuite passer un oral devant un jury. Il valide également des composantes dans le cadre de la démarche compétences, obligatoire désormais pour l'obtention du diplôme ingénieur généraliste.

Quelles sont les compétences évaluées dans le cadre de la démarche compétence ?

Pour ma part, j'ai été évaluée sur trois des cinq compétences : "Piloter et conduire", "Générer de la performance individuelle et collective" et "Construire et pérenniser". Ce sont surtout des compétences liées à l’organisation, le travail en équipe, la gestion de projet et la capacité à prendre des responsabilités. Ce sont des qualités que j’ai particulièrement développées à la Croix-Rouge et qui sont transférables dans mon futur métier d’ingénieure. C’est motivant de voir que l’école reconnaît ces expériences en dehors du cadre académique.

Ton engagement influence-t-il tes choix professionnels ?

Oui, énormément. Je veux travailler dans un environnement qui correspond à mes valeurs, comme celles de la Croix-Rouge. Mon bénévolat m’apprend aussi à donner de mon temps de manière volontaire et réfléchie, ce qui m’oriente vers des projets professionnels éthiques et responsables.

équipe de la croix rouge à la biennale de la danse
Biennale de la Danse | ©Gaëtan Marchais et Emmanuelle Arabadzic