Deux formations complémentaires
Comment est née cette volonté de suivre le double diplôme Ingénieur Chercheur avec l’ENS Lyon ?
Depuis la prépa, je savais que c’était la physique qui m’intéressait. Mais quel domaine en particulier, je ne savais pas encore. Ce qui est intéressant dans la formation à Centrale, c’est la diversité des domaines abordés, ça m’a permis d’avoir une vue d’ensemble, une sorte de catalogue. Et c’est là que je me suis rendu compte que j’aimerais travailler en physique quantique et j'ai cherché une formation complémentaire. C’est là que j’ai entendu parler du double diplôme avec l’ENS Lyon, qui permet notamment d’intégrer le master en physique théorique.
En quoi ces deux parcours sont complémentaires ?
À l’ENS, on approfondit un sujet de manière très poussée. À Centrale Lyon, on acquiert une vision globale, des connaissances dans de nombreux domaines. Le fait d’avoir exploré plein de domaines différents, ça aide vraiment à remettre son propre travail en perspective, à ne pas rester enfermé dans une vision trop étroite. Et puis, pour tout ce qui est expérimentation, montage de dispositifs, imaginer des systèmes, la formation d’ingénieur est précieuse. On apprend à résoudre des problèmes complexes. Mais au-delà de ça, à Centrale Lyon, on est aussi sensibilisé aux enjeux sociétaux, éthiques, écologiques… Ce sont des repères essentiels quand on fait de la recherche aujourd’hui.

Un double diplôme exigeant et passionnant
Comment se passe la sélection ?
L'évaluation se fait sur dossier, essentiellement les trois premiers semestres du cursus ingénieur. Ils examinent les notes des unités d’enseignement, les moyennes, les choix de cours… Au S7, on commence à suivre des cours plus spécialisés. Certains sont d’ailleurs obligatoires pour postuler au double diplôme. Par exemple, il faut avoir suivi le cours de mécanique quantique, qui est un prérequis car on intègre directement le M1 de l'ENS Lyon et il faut une mise à niveau. Il y a aussi un cours de thermodynamique statistique à suivre à l'ENS Lyon. Ensuite, en fin de deuxième année, les deux écoles valident ou non la poursuite vers le double diplôme.
Comment se déroule la transition entre Centrale Lyon et l’ENS Lyon, et en quoi le rythme de travail diffère-t-il ?
On fait d’abord deux ans à Centrale, puis deux ans à l’ENS Lyon. Cela permet de se concentrer pleinement sur une formation à la fois, sans avoir à jongler entre deux écoles en parallèle. Le rythme du master en physique ressemble davantage à celui de la prépa : cours au tableau, prise de notes à la main et beaucoup de travail personnel à la maison. Il faut préparer les TD, relire les cours régulièrement, et le week-end est souvent consacré au travail, ce qui était moins le cas pour moi à Centrale. Les notions étant plus abstraites, en sciences fondamentales, ça demande une discipline régulière.
Qu’est-ce qui vous a marqué en découvrant le monde de la recherche ?
Ma première expérience de recherche, c’était dans un laboratoire à Stockholm, en Suède, lors de mon stage de fin de première année de master à l'ENS. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la liberté. On est assez autonome, on a une problématique à gérer, on est au sein d'une équipe, et ensuite c’est à nous d’organiser nos tâches, nos horaires… Tant qu’on travail, qu'on essaye de pousser nos recherches, d'avoir des résultats, on est libre. C’est très agréable et assez gratifiant. Et j’ai retrouvé ça pendant mon stage de fin d’études, que je viens tout juste de terminer. Évidemment, il faut s’investir, sinon on ne progresse pas. Mais quand on est passionné, ça vient naturellement.
Justement, parlez nous de votre stage de fin d'étude
Il portait sur la physique quantique, plus précisément sur la génération d’intrication lors de la collision entre deux électrons. Mon quotidien était de lire des articles, faire des calculs, échanger avec mon encadrant et le reste du groupe. Celui dans lequel j’étais mène une recherche purement théorique, tandis qu’un autre, basé à Paris, s’occupe de la partie expérimentale. On est d’ailleurs allés à Paris à la fin du stage pour échanger avec eux, et voir comment nos résultats pouvaient être appliqués. L’objectif, c’est que ce qu’on fait sur le papier puisse servir concrètement au laboratoire. Et ce sera d’ailleurs l’objet de la suite de mon travail, pendant ma thèse : même sujet, même encadrement, mais j’affinerai et adapterai mes résultats afin que les expérimentateurs puissent les tester sur une expérience réalisable en laboratoire.

Une voie vers la R&D de pointe
Avez-vous des conseils à donner à des élèves qui s’intéressent à la recherche ?
Il ne faut pas hésiter à aller voir ce qui se fait : lire des articles, contacter des chercheurs, leur demander de parler de leur travail, visiter leur labo. En général, ils sont ravis de partager. Même si on ne veut pas faire carrière dans la recherche, c’est extrêmement formateur. C’est un monde qu’on connaît mal de l’extérieur. Moi, j’ai commencé comme ça : un mail, une discussion, une visite… et petit à petit, les choses se sont mises en place.
Vous entrez en doctorat à la rentrée, comment envisagez-vous l’après thèse ?
Je souhaite intégrer un service R&D dans le domaine des technologies quantiques, c’est un secteur en plein essor : Google, IBM, de nombreuses startups se lancent. En entreprise, on dispose souvent de plus de ressources que dans le public, ce qui permet d’aller plus loin sur certains aspects. Dans mon cas, il s’agit de contribuer au développement des ordinateurs quantiques, une technologie dont on entend de plus en plus parler. Elle est potentiellement très puissante. Les entreprises y voient un enjeu stratégique, donc elles investissent. Et la recherche qu’on mène, c’est la même qu’en laboratoire, mais orientée vers un objectif industriel.

Devenir Ingénieur Chercheur
Le double cursus Ingénieur Chercheur permet de suivre, sur quatre ans, le programme Ingénieur Généraliste de Centrale Lyon ainsi qu’un master dispensé par l’ENS de Lyon.
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