Évolution de l’offre de formation à Centrale Lyon : Assurer un continuum du post-bac à bac +8

Cycle préparatoire, diplômes d’ingénieur·e de spécialité, master, doctorat et maintenant bachelor : depuis le diplôme d’ingénieur·e généraliste, cursus historique de Centrale Lyon depuis 1857, l’offre de formation initiale de l’Établissement s’est largement étoffée. Grégory Vial, directeur des formations, fait le point sur cette offre et ses enjeux dans le contexte d’une société en transition.

Historiquement, Centrale Lyon forme des ingénieur·es généralistes. Comment l’offre a-t-elle évolué ces dernières années ?  

C’est à partir de 2012 que l’offre s’est fortement étoffée. Dans un premier temps avec la création du cursus ingénieur·e de spécialité énergie : c’est la première fois que nous mettions en place une formation de spécialité et par apprentissage. À la même époque nous avons commencé à développer les formations conduisant au diplôme national de master pour permettre notamment à nos élèves du cursus généraliste de se spécialiser dans un domaine spécifique, en vue de poursuivre en doctorat. Nous avons ensuite lancé nos premiers masters internationaux. Dispensés entièrement en anglais, ceux-ci renforcent l’ouverture de nos formations à un public international. L’ENISE, école interne depuis 2021, contribue à la diversification des diplômes d’ingénieur·e de spécialité dans trois domaines : le génie mécanique, le génie civil et le génie sensoriel. Au travers d’une formation en 5 ans, ces trois diplômes s’adressent à des étudiant·es en post-bac. Enfin, l’ouverture en 2022 de notre classe préparatoire intégrée « CapECL » s’inscrit dans la même volonté de proposer une offre post-bac pour se donner les moyens d'agir pour une plus grande diversité et pour l’ouverture sociale.

L’évolution de nos formations a donc pris 3 directions : l’international pour rayonner au-delà de nos frontières, le post-bac, pour multiplier les voies de recrutement et augmenter la diversité sociale et les masters et le doctorat pour diversifier les profils en ingénierie.

À l’instar d’autres grandes écoles, Centrale Lyon travaille également à l’ouverture de bachelors. Quels sont les projets en cours ?

Nous ouvrons prochainement un bachelor en sciences des données et management en commun avec emlyon business school. C’est la première fois que Centrale Lyon se positionne sur un diplôme d’assistant-ingénieur. Nous pouvons aussi citer le bachelor sur les mutations industrielles en cours de réflexion au sein du Collège d’Ingénierie Lyon-Saint-Étienne (Centrale Lyon, ENTPE, INSA Lyon et Mines Saint-Étienne). Enfin, avec le Collège des Hautes Études Lyon-Sciences, nous travaillons également sur un projet transdisciplinaire autour des grandes transitions en s‘appuyant sur le large spectre de thématiques des différents partenaires : Sciences Po Lyon, ENS Lyon, VetAgro, Mines Saint-Etienne, CNSMD, emlyon et Lyon 3.

À quels besoins cette diversification des parcours répond-elle ?

Dans les écoles d’ingénieur·es trois éléments expliquent cette tendance : le besoin de recrutement des entreprises en ingénierie, le besoin de diplômés pouvant mobiliser des compétences transverses et la nécessité de diversité sociale.  

Pour répondre aux défis sociétaux actuels, la société a besoin de plus d’ingénieur·es. On estime qu’en France, chaque année, 40 000 ingénieur·es sont formé·es alors que le besoin se situerait plutôt autour de 60 000. Au-delà du nombre, les entreprises font état d’un réel besoin de recruter des profils de niveau intermédiaire. Les bachelors, qui correspondent à un niveau « assistant·e ingénieur·e », répondent parfaitement à ce besoin.

Par ailleurs les défis que nous avons à relever collectivement sont complexes et nécessitent un besoin de diversification des profils et de diversification des compétences qui se traduit par une ouverture des voies de recrutement et par une hybridation des formations.

Quelles sont les répercussions de la diversification des diplômes sur la marque Centrale ?

Avec un dispositif de formations « undergraduate » et « graduate », on peut dire que Centrale Lyon est désormais plus qu’une école d’ingénieur·e : c’est une école qui embrasse la diversité des métiers de l’ingénierie. Les méthodes et objectifs d’enseignement propres au modèle centralien irriguent l’ensemble des nouveaux diplômes.

Cela veut dire que toutes nos formations intègrent la pluridisciplinarité, les sciences humaines et sociales, une forte proximité avec les entreprises et une pédagogie en mode projet, au service des grandes transitions. Tout ceci en liant très fortement la théorie et la pratique, avec un niveau d’exigence très élevé.

Nous sommes par ailleurs très attachés à la proximité pédagogique avec nos élèves grâce à des tailles de promotions raisonnables et un suivi personnalisé. Cela crée une expérience étudiante particulière qui repose sur un esprit de groupe et une vie associative extrêmement riche.

Nous avons dans le cadre du Groupe des Écoles Centrale mis au point un référentiel de compétences pour l’ingénieur·e généraliste centralien·ne. Nous devons maintenant l’adapter à l’ensemble de nos diplômes pour affirmer la marque Centrale sur l’ensemble du continuum de nos formations.

Est-ce que cette diversification des parcours se traduit par une augmentation des effectifs ?

Nous visons effectivement une légère augmentation des effectifs sur les cursus ingénieur·es, notamment via CapECL et le recrutement sur une nouvelle filière du concours Centrale-Supélec. C’est surtout via l’ouverture de nouvelles formations que l’effectif global d’élèves et d’étudiant·es à Centrale Lyon s’étoffe progressivement. L’accroissement des effectifs dans les années à venir se concentrera sur les masters internationaux et les bachelors, sans oublier la VAE et la Formation tout au long de la vie.

La région AURA est la première région industrielle de France et parmi les plus pourvoyeuses en ingénieur·es diplômé·es. Comment s’articulent la stratégie de formation de Centrale Lyon et l’écosystème économique local ?

Notre établissement a un recrutement national et international. Pour autant, nous cherchons à augmenter nos recrutements locaux, en particulier en zones rurales. Le bachelor sur les mutations industrielles affiche clairement cet objectif : former au plus près des bassins d’emploi pour répondre à la fois aux attentes des entreprises et des lycéen·nes. Nous sommes implantés, en effet, dans une région très dynamique en matière d’industrie, et une récente enquête de l’IESF a montré le très bon taux de rétention de Centrale Lyon. C’est-à-dire que les élèves, qui viennent pourtant de la France entière et au-delà, ont tendance à rester en Auvergne Rhône-Alpes une fois diplômés. Notre attractivité nationale et internationale est donc bien bénéfique à la région !

L’ambition affichée de Centrale Lyon est d’être reconnue sur les grandes transitions. Comment cet enjeu s’inscrit-il au sein de la formation ?

Les transitions constituent un marqueur fort de nos formations que nous souhaitons encore renforcer. Le cursus ingénieur·e généraliste est tout particulièrement adapté pour répondre aux défis des transitions. Nous apprenons en effet à nos élèves à aborder les problèmes complexes de manière systémique et à faire appel à différentes disciplines pour les résoudre. C’est seulement ainsi que nous pourrons relever les défis des grandes transitions : l’aspect scientifique ne peut pas être isolé des questions sociales, environnementales, économiques, etc. Nous mettons tout en œuvre pour que tous nos étudiant·es diplômé·es soient capables d’aborder ces thématiques de manière systémique et puissent mettre leurs compétences au service des entreprises et de leur trajectoire vers un monde plus durable.

Par ailleurs, nous proposons des formations spécialisées sur des questions liées aux grandes transitions, comme le master international « Water and Wind Engineering » ouvert en 2022 qui s’appuie directement sur les forces de recherche de l’établissement.

Enfin, nous pensons que c’est en travaillant de concert avec nos partenaires que nous augmenterons notre impact. C’est pourquoi la question des transitions est au cœur de nos échanges et actions avec le Groupe des Écoles Centrale mais aussi au sein du Collège d’ingénierie et du Collège des Hautes Études.