Rencontre avec Sylvie Mira Bonnardel, nouvelle directrice de l’ENISE

Sylvie Mira Bonnardel

Sylvie Mira Bonnardel est diplômée du programme « grande école » d'emlyon business school et titulaire d’un doctorat en sciences de gestion de l’Université Jean Moulin Lyon 3. Elle a enseigné près de 10 ans à emlyon, 3 ans à l’ENISE et plus de 20 ans à l’École Centrale de Lyon. Elle a aussi codirigé le pôle universitaire français de Ho Chi Minh Ville au Vietnam. Entre 2018 et 2022, elle a dirigé le département sciences humaines, langues et sports de l’École Centrale de Lyon.

Entretien avec la nouvelle directrice de l’École Nationale d’Ingénieurs de Saint-Étienne.

Quel attachement avez-vous avec Saint-Étienne ?

Saint-Étienne est ma ville de cœur ! J’y suis née et j’y ai vécu toute ma scolarité jusqu’à la classe prépa au lycée Fauriel. J’ai quitté Saint-Étienne lorsque j’ai commencé à étudier à emlyon mais je suis restée très stéphanoise dans l’âme. Mes parents habitent toujours à Saint-Étienne et je vais régulièrement leur rendre visite. Bref, c’est une ville que je n’ai jamais vraiment quittée.

Vous comparez La situation de l’ENISE à celle d’une « business unit » dans l’industrie, qu’entendez-vous par là ?

Dans un groupe industriel, une « business unit » est une entité autonome qui négocie ses moyens et rend des comptes sur la réalisation de ses objectifs et sur sa contribution à la valeur de sa maison mère. L’ENISE est une entité autonome qui négocie ses moyens avec la direction de son établissement, l’École Centrale de Lyon. Cette négociation sera d’autant plus aisée que l’ENISE sera performante dans la réalisation de ses objectifs et contribuera à la valeur de l’établissement en alignement avec ses objectifs stratégiques. Malgré son intégration à l’établissement, l’ENISE garde une très forte personnalité, une marque reconnue, un ancrage fort dans son écosystème régional, des partenariats industriels solides, une expertise technologique reconnue... Autant d’atouts sur lesquels je pourrai m’appuyer pour en assurer son autonomie de gestion.

Quelle place l’ENISE peut-elle prendre au sein de l’établissement École Centrale de Lyon ?

L’ENISE aura une place centrale dans la contribution à la valeur de l’établissement. Les atouts que je viens de mentionner servent la stratégie globale. En plus, l’ENISE est une école avec un taux d’inclusion très élevé, ce qui la rend complémentaire de Centrale Lyon sur ce point. Nous avons aussi un développement territorial différent qui nous permet d’étendre l’influence de l’établissement au sud et à l’est de la région AURA et dans des territoires plus ruraux ou semi urbains. L’écosystème de l’ENISE est différent et tout à fait complémentaire de celui de l’École Centrale de Lyon, avec des partenariats forts sur la fabrication additive par exemple ou le génie sensoriel ou encore la construction. Elle sait travailler en proximité avec les ETI et PME de la région, avec des avancées importantes sur l’accompagnement de ces entreprises dans les grandes mutations industrielles.

Nous développerons une expertise en intelligence artificielle

Quelles évolutions imaginez-vous pour les formations de l’ENISE ?

Aujourd’hui il y a trois formations de spécialité : génie mécanique, génie civil et génie physique, qui démarrent après un cycle préparatoire en deux années. Ces parcours fonctionnent bien. Ils vont suivre l’évolution normale de programmes qui s’adaptent aux évolutions de l’environnement. Nous allons consolider et développer le programme de génie physique, qui apporte des compétences en génie sensoriel. Je crois que c’est une spécialité d’avenir avec l’essor du métavers et de la réalité virtuelle immersive. Nous devrons très vite être capables de donner des sensations aux individus qui évoluent dans un univers virtuel. C’est la clé pour tous les jeux vidéo du futur, mais pas seulement, si j’en juge par l’engouement pour les NFT. Ce développement entre en résonance avec la stratégie de Saint-Étienne Métropole, qui souhaite notamment attirer des studios de réalité virtuelle de haute volée. Ceci nous amènera sûrement à développer dans les prochaines années une expertise en intelligence artificielle.

Nous pourrons aussi penser de nouvelles formations en lien avec le design, domaine sur lequel la ville de Saint-Étienne a depuis longtemps construit une vraie légitimité. Nos compétences en matière de génie sensoriel ou de fabrication additive ouvrent à de nombreuses collaborations potentielles.

Vous souhaitez consolider la place de l’alternance, c’est-à-dire ?

L’alternance permet d’apporter une réponse aux besoins des entreprises, mais c’est aussi un moyen pour les étudiant·es de monter en compétences sur le métier d’ingénieur·e tout en étant rémunérés. J’aimerais donc que nous maintenions le fort pourcentage d’alternant·es, en gardant la proportion actuelle qui est d’environ 30 %. Mais je ne souhaite pas, dans un premier temps, augmenter cette proportion. Nous continuerons à travailler en lien avec les besoins des entreprises et en forte collaboration avec le BTP CFA et l’ITII.

L’ENISE va continuer à développer sa Plateforme Technologique d’Enseignement, de Recherche et de Valorisation

Comment souhaitez-vous porter le développement des partenariats recherche ?

Nous allons poursuivre notre travail sur les mutations industrielles et être moteurs en la matière. Nous visons surtout à répondre aux problématiques d’innovation des entreprises, tout en faisant avancer la recherche. L’ENISE va continuer à développer sa Plateforme Technologique d’Enseignement, de Recherche et de Valorisation (PTERV), qui fait le lien entre recherche et enseignement d’une part, et permet la recherche avec les entreprises d’autre part. Cette plateforme dispose de ressources humaines à forte expertise et d’équipements de pointe, elle est un point d’appui essentiel pour développer des partenariats avec les entreprises.

Nous serons aussi contributeurs sur toutes les grandes alliances de l’établissement Centrale Lyon avec les Mines Saint-Étienne, l’ENTPE, l’INSA, la COMUE…

Vous voulez faire de l’ENISE le centre stéphanois d’accompagnement à l’entrepreneuriat, de quoi s’agit-il ?

Il y a une bonne dynamique de création et de reprise d’entreprises sur le territoire stéphanois car le tissu industriel local comprend beaucoup de petites et moyennes entreprises. J’aimerais que l’ENISE accompagne cette dynamique en soutenant les étudiant·es, élèves-ingénieur·es et docteur·es de l’école ainsi que ses alumni qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise. Nous pourrions devenir l’actrice pivot qui aide notamment les entrepreneurs et entrepreneuses, les créateurs et créatrices, à identifier les bonnes ressources, qu’elles soient à l’ENISE, à Pulsalys ou ailleurs sur le territoire.

Qu’allez-vous faire évoluer en matière de management et de qualité de vie au travail ?

Je souhaite que tout le personnel de l’ENISE, chaque matin, soit heureux de venir travailler. Les missions, les rôles de chacun doivent être clairs. Personne ne doit se poser la question de son importance dans le collectif. Il faut clairement montrer comment chacun et chacune contribue à la réussite commune. Je souhaite que nous soyons toutes et tous valorisés pour nos contributions aux réussites de l’ENISE et ceci avec le minimum de tensions. Je m’assurerai que les décisions qui seront prises soient expliquées et que chacun et chacune, dans son périmètre d’action, sache comment il ou elle contribue à la réussite. Je suis confiante dans notre capacité à mener de grands projets, ancrés localement et avec un haut niveau d’exigence. Tout le personnel de l’ENISE doit se sentir fier de contribuer socialement, économiquement et scientifiquement au rayonnement du territoire stéphanois et de la région AURA.