[On en parle] La technologie au service de la sortie de crise

Un sujet, une synthèse. Nous vous proposons une petite synthèse de l'information actuellement disponible sur un sujet d'actualité.

Que ce soit pendant la durée du confinement ou en vue de la reprise progressive de l’activité, les technologies à distance se sont imposées comme des solutions phares dans la lutte contre la contamination au COVID19 et la sortie de crise. Quelques exemples...

Télédétection du port des masques et drones de surveillance

L'un des premiers usages est celui des drones de télésurveillance utilisés par les polices municipales dans des villes comme Lyon1, Metz2, Paris ou Nice3. Cette solution permet de surveiller facilement de vastes zones et de repérer les contrevenants au confinement. Le drone émet un avertissement sonore « Rentrez chez vous » en guise de prévention, une brigade est ensuite envoyée sur les lieux si besoin. La ville de Cannes est en pointe sur les solutions numériques qui permettent de lutter contre la propagation du virus, une solution de télédétection du port des masques est en court d’expérimentation4. Déjà utilisée sur les marchés de la ville, cette application permet de compter le nombre de porteurs de masques et ainsi de mieux cibler géographiquement les actions de prévention de la police5. Cet outil devrait également être déployé dans les bus municipaux de Cannes pour évaluer le respect de la distanciation entre les passagers6.

Télésurveillance des examens

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La période de confinement a aussi mis en lumière l’utilisation d’une technologie particulière qu’est la surveillance des examens à distance et à domicile. Les logiciels qui permettent ce type de surveillance ne sont pas nouveaux mais la demande explose actuellement. Ces outils utilisent la reconnaissance faciale et la prise de photos régulière via webcam pour contrôler le risque de fraude, certains peuvent aussi bloquer l’accès à certaines fonctionnalités de l’ordinateur. L’utilisation potentielle de ces logiciels espions par les universités n’est pas acquise et les étudiants s’inquiète pour leur vie privée7. Les établissements intéressés par ces méthodes de surveillance soulignent que cette période d’enseignement à distance oblige à se réinventer et soulignent que le niveau de contrôle et de surveillance n’est pas plus élevé que dans une salle d’examen8. Si certaines épreuves peuvent être reportées, ce n’est pas le cas pour toutes. La question de l’évaluation en ligne se pose nécessairement pour beaucoup d’établissements9.

Données personnelles et tracking

Pour accompagner le déconfinement et permettre un suivi de la contagion, le développement d’une application appelée StopCovid a largement mobilisé le secrétariat d’état au numérique ces dernières semaines10 et des institutions comme l’Académie de Médecine ou l'Union Européenne sont convaincues de son utilité11. Les freins sont cependant encore de taille pour que cette solution puisse être adoptée, l’utilisation de la technologie Bluetooth est critiquée, le risque de faux positifs important et une participation d’au moins 60 % de la population est nécessaire... Tout cela dans le respect de la RGPD et de l’avis de la CNIL12. Le déploiement de l’application StopCovid est d’ailleurs actuellement mis en difficulté face au refus d'Apple de permettre d’utiliser le Bluetooth en arrière-plan sur ses iPhones13. Le téléchargement de l’application par les Français semble loin d’être acquis et son caractère obligatoire a été écarté14. S’appuyant sur l’exemple de la Chine ou de Singapour, certaines personnalités suggèrent pourtant de recourir à une utilisation massive des données individualisées et d’amplifier le tracking pour enrailler l’épidémie15 16 17.

Les débats sur l’utilisation des données personnelles, le big data ou la télésurveillance sont d’autant plus délicats et exacerbés en période de crise. Pour certains, l’utilisation massive de ces outils de surveillance dessine les contours d’une société dystopique qui restreint les libertés. D’autres y verront justement un moyen de restaurer des libertés perdues en mettant fin à la contamination et donc au confinement.

Références de cette synthèse :

1 « Police nationale. Rentrez chez vous » : à Lyon, les drones font respecter le confinement

2 À Metz, un télépilote de la Police aux frontières (PAF) fait voler un drone pour surveiller les espaces verts, et traquer les contrevenants

3 Confinement : à Nice, la police surveille les promeneurs avec un... drone

4 Détection de port des masques en ville et dans les bus municipaux de Cannes

5 Coronavirus : la ville de Cannes expérimente un logiciel de détection de masques

6 Coronavirus à Cannes : Dans ces marchés, des caméras vérifient si vous êtes bien masqués

7 et 8 Des logiciels de télésurveillance pour les examens inquiètent les étudiants

9 Coronavirus : comment êtes-vous surveillé lors des examens à distance ?

10 Le secrétaire d'Etat Cédric O sur le traçage des malades : "Oui, l'application StopCovid est utile"

11 L’Académie de médecine approuve l'utilisation de l’application de traçage

12 Pourquoi l’application StopCovid risque de ne servir à rien

13 StopCovid dans l’impasse : Cédric O confirme que la France se lance dans un bras de fer avec Apple

14 StopCovid : pourquoi le gouvernement a choisi de ne pas imposer l'installation de son appli

15 Coronavirus : « La deuxième réponse sera technologique », même « s’il ne s’agit pas d’imposer un contrôle numérique intensif des déplacements »

16 Déconfinement : « Nous nous sommes encore tiré une balle dans le pied avec le RGPD »

17 Big data : « Si la crainte d’une violation de la vie privée est raisonnable, se priver d’un outil dont on peut limiter les excès ne l’est pas »